Le sexe, loin d’être diabolisé, est soumis à une observation approfondie : il ne s’agit pas de nier la pulsion sexuelle, mais d’éviter que l’assouvissement d’un besoin naturel ne tourne à un rapport de domination ou à une obsession. Le sexe mérite sa place dans notre vie, mais seul l’amour lui permet de s’exprimer de façon pleine et entière.
L’amour est défini à partir de ce qu’il n’est pas. Il n’est pas l’attachement, la dépendance affective, le désir. Il n’est pas non plus un moyen de combler sa solitude. L’amour n’est pas non plus le mariage, qui n’est rien moins qu’un contrat social. L’amour suppose la responsabilité entre ceux qui s’aiment, qu’il s’agisse du conjoint ou du partenaire amoureux, des enfants, du voisin, de la nation et, finalement, de la société entière, dont chaque homme est responsable.
Le problème de la chasteté concerne d’abord ceux qui, dans le cadre d’une religion, ont fait voeu d’abstinence sexuelle. Krishnamurti analyse les ravages causés par le refoulement sexuel. Faire ou ne pas faire l’amour ne devrait pas être une question de contrainte mais de contexte. Si l’amour est présent, l’une ou l’autre attitude cessent d’être un problème. L’essentiel est d’observer simplement les faits et non une réalité idéalisée par la pensée. Car c’est en définitive la pensée qui est à l’origine de nombreux clivages : clivage entre soi et l’autre, clivages religieux, nationaux, générationnels. Réaliser que la pensée est le support des conditionnements auxquels nous sommes soumis nous offre un accès à la perception directe d’un état de fait. Et les questions posées s’éclairent d’autant mieux que nous leur donnons le temps de faire écho en nous dans le silence. C’est de ce silence, de cette « conscience sans choix » qui ne juge ni ne condamne que jaillit l’amour.