PROFESSIONAL TOURIST
AN ANTI-TRAVEL-GUIDE
“The sentimental masses have a hero.
He is a smiling man kitted out with a globe-shaped backpack, and who has shaved off his moustache to look younger. He carts a dream around with him, the dream we all have: travel, blissful wandering, adventure with a happy ending. This man, you will have recognised him, is the modern-day backpacker, the professional traveller. Notebook in hand, eye on the alert, he roams around the world and, being nice and friendly, he lets you in on all his great plans […]
I was once like you: I wanted to be him, the author of tourist guides. Crossing every continent at someone else’s expense, tanned skin, stamped passport, multi-pocket jacket filled with African charms. I too wanted to lick my plates in picturesque little eating houses and sleep in Rajasthani palaces; feel the fur of a dromedary and follow the wine routes of Alsace. I was a small-time Kerouac, aspiring to adventure, on condition that there was air conditioning in the car and a mini-bar in the hotel room. I wouldn’t have said no to having my name of the cover of the guidebook, and why not a picture of me […]
But let me give you a word of warning first. What you are about to read might permanently damage your view of guide books. When you close this volume, your collection of guides and Lonely Planets (the proof of your insatiable desire for adventure) might end up in the bin.
My friends, you will find that you are having the wool pulled over your eyes. No, writing a travel guide does not mean writing the truth, the whole truth and nothing but the truth.
It means talking about hotels in which you have never slept and restaurants in which you have never eaten; museums you have visited at a sprint and ancient towns in which you have got horribly lost; countries you don’t like and locals who eye you suspiciously; people and places you don’t understand.
This book is made up of bad faith and poor judgement, sentimental digressions and geographical blunders, historical errors and spelling mistakes. Illegible maps, erroneous information and catastrophic misunderstandings. In short, the daily fare of every travel writer, that man whose existence everyone envies without knowing the troubles and traumas, blood, sweat and tears that it entails.
This book wants to set things straight again. Because they are so wildly wrong.”
Vincent Noyoux
Vincent Noyoux is 33 and the author of several travel guides (in the “Géoguides” collection for Gallimard).
C’est un type souriant affublé d’un sac à dos en forme de mappemonde et qui a rasé sa moustache pour faire plus jeune. Il traîne un rêve, notre rêve à tous : celui du voyage, de l’errance joyeuse, de l’aventure qui finit bien. Ce type, vous l’avez reconnu, c’est le routard des temps modernes, le bourlingueur professionnel. Carnet en main, l’oeil aux aguets, il rôde à travers le monde et, parce que ce type est chouette, il vous file tous ses bons plans. […]
J’ai été comme vous : je voulais être lui, l’auteur de guides de voyage. Traverser tous les continents aux frais de la princesse, le teint hâlé, le passeport tamponné, la veste multipoches remplie de grigris africains. Moi aussi je voulais lécher mon assiette dans des gargotes pittoresques et coucher dans des palaces au Rajasthan. Tâter du dromadaire en méharée et suivre la route des vins d’Alsace. Kerouac à la petite semaine, j’aspirais à l’aventure, à condition d’avoir la clim’ dans la voiture et un minibar dans la chambre. Je ne disais pas non à l’idée d’avoir mon nom sur la couverture du guide, et pourquoi pas ma photo. […]
Mais laissez-moi d’abord vous mettre en garde. Ce que vous allez lire risque de bouleverser à jamais votre perception des guides de voyage. En refermant cet ouvrage, votre collection de Routard et de Lonely Planet, preuves de votre insatiable désir d’aventures, finira peut-être à la poubelle.
Vous allez découvrir, chers camarades, que l’on vous roule un peu dans la farine. Non, écrire un guide de voyage, ce n’est pas dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
C’est parler d’hôtels dans lesquels on n’a pas dormi et de restaurants dans lesquels on n’a pas mangé. De musées qu’on a visités au pas de course et de vieilles villes dans lesquelles on s’est lamentablement perdu. De pays qu’on n’aime pas et d’autochtones qui vous regardent de travers. De lieux et d’êtres qu’on ne comprend pas.
Voilà de quoi ce livre est fait : de mauvaise foi et d’erreurs de jugement, de digressions sentimentales et de bourdes géographiques, de fautes historiques et de fautes d’orthographe. De cartes illisibles, de renseignements erronés, de méprises catastrophiques. Bref, du quotidien d’un auteur de guides de voyage, ce type dont tout le monde envie l’existence sans savoir ce qu’elle implique de peines et de tracas, de sang, de larmes et de sueur.
Ce livre veut remettre les choses à leur place. À côté de la plaque. » Vincent Noyoux