La Grande forêt est sans doute l'une des oeuvres les plus significatives, les plus achevées de Robert Penn Warren. Le cadre en est la guerre civile qui a déchiré l'Amérique, tout en la révélant à elle-même, et que Warren, homme du Sud - mais né à la limite du Kentucky et du Tennessee, c'est-à-dire à la limite du Nord et du Sud - connaît mieux que quiconque. Adam Rosenzweig, le héros, est un jeune Juif allemand dont le père a naguère, avant de mourir, renié son passé de révolutionnaire, ce qui a provoqué chez Adam une décision contraire : suivre sa voie d'homme coûte que coûte, pour servir son idéal de justice et de liberté. Il part donc pour l'Amérique où la guerre de Sécession fait rage, afin de combattre pour la libération des Noirs.
Mais les réalités qu'il devra affronter, les déceptions, la lâcheté et les faiblesses des hommes qu'il va découvrir, ainsi que leurs vices et leurs passions, le feront plus d'une fois se remettre en question. Un livre exceptionnel, qui mérite de prendre place à côté de classiques tels que Servitude et grandeur militaire d'Alfred de Vigny ou L'insigne du courage de Stephen Crane.
Robert Penn Warren est né en 1905 à Guthrie, dans le Kentucky. Romancier, essayiste, poète, il a reçu deux fois le Prix Pulitzer : en 1946 pour son premier roman, Les Fous du roi, qui retrace la carrière du démagogue louisianais Huey Long, et en 1956 pour Promises, un recueil de poèmes. A travers tous ses livres, on retrouve le même thème central : le Sud face à la perte de ses valeurs traditionnelles.