NEWSLETTER

L'Amour qui ose dire son nom (relié)

Dominique Fernandez

Acheter votre format
Papier75,80 €
"D'une manière générale, si l'homosexualité est universelle, rares sont les pays et les époques où elle a été reconnue officiellement : souvent proscrite, quelquefois persécutée, elle n'a pu s'exprimer qu'avec certaines précautions et sous des formes qui ne fussent pas trop voyantes. Cette étude de l'homosexualité dans les arts montrera que les périodes les plus fastes, entrecoupées d'années ou de siècles de répression n'ont que très rarement représenté des scènes homosexuelles ; jamais l'indulgence de la société et du pouvoir n'est allée jusque-là. Les images du lesbianisme ont longtemps été plus rares et demeurent les plus difficiles à répertorier, les hommes ayant gardé jusqu'à une date récente le quasi-monopole de la création artistique. L'exaltation du nu viril est le principal indice de l'homosexualité d'un artiste masculin. Pour ceux dont nous savons qu'ils étaient eux-mêmes adeptes de l'amour « interdit », l'interprétation des oeuvres est relativement aisée. Léonard de Vinci, Michel-Ange, Benvenuto Cellini, Caravage, Antonio Canova, Thorvaldsen, Girodet, Géricault, pour les classiques, Francis Bacon ou les photographes américains pour les modernes, mettent à profit chaque occasion pour dire ce qui leur tient à coeur. Mais les autres ? Les artistes officiellement hétérosexuels, qu'ils le soient par nature ou par prudence ? Chez certains, il serait vain, je crois, de chercher une intention homosexuelle : un Rembrandt, un Rubens, les peintres de Venise, les impressionnistes français n'ont la religion que de la femme. Il existe cependant une zone intermédiaire, un nombre considérable d'artistes dont la vie privée ne nous est pas connue. C'est en scrutant leurs oeuvres qu'on peut y déchiffrer, conscientes ou visibles à leur insu, des pulsions homosexuelles qu'ils ne voulaient peut-être pas s'avouer, dont souvent ils n'avaient pas connaissance eux-mêmes. » D.F