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L'enjoliveur

Ce livre n'est plus disponible à la vente

Sophie Cherer

  • 21/08/2002
« Un écrivain est grand parce qu'il laisse de grands livres, certes, mais aussi parce qu'il influence la vie de ses lecteurs, durablement, profondément, ou en détail, de façon passagère et légère. Parce qu'il la change, à l'occasion. Parce qu'il prolonge en eux le romanesque de ses oeuvres. On aime, on vit, on refuse, on travaille comme on peut, et parfois comme il nous a appris à aimer, à vivre, à refuser, à travailler.
Depuis l'âge de vingt-deux ans, depuis la lecture d'Un roi sans divertissement, j'ai un écrivain préféré, Jean Giono. Je le lis, je le relie, je le cite, je le collectionne, je l'offre et mes amis me l'offrent. Il nous fait fumer des cigares noirs, manger des festins de daubes, écrire à la main, marcher à pied, parler par ellipses, goûter le silence, voyager derrière l'air. Il nous a ré-enchanté le monde.
J'avais envie de lui rendre un hommage non convenu. Essais, thèses, biographies, tout a été fait sur lui, et à merveille. Moi, romancière, je rêvais d'écrire un roman dont il serait non un personnage, mais la toile de fond, le prétexte, le décor, le moteur, le tronc commun entre les héros, et les racines.
Cette année, en 2002, il aurait 107 ans. Un âge de blague. Un âge pas sérieux pour une commémoration officielle. Un âge romanesque, alors, évidemment. »
Sophie Chérer