FLEURS ET COURONNES

FLEURS ET COURONNES
FLEURS ET COURONNES
Parution : 
06/05/2009
Collection : 
Essais - Documents
Why do we cry at a funeral for someone we don’t know? Perhaps because, as is the case for Georges Marchais, it is a whole world that is being buried, and with it so many wasted lives and broken dreams, while militants sneer at those dreams in the bitter cold of that January morning in 1996. We also cry when we see half a century of film or literature being buried before our eyes, and then our sorrow takes on the colour of nostalgia. We cry to see a woman weep for the man she loved, Gérard Brach, the scriptwriter who never loved himself.
There are funerals that are not successes, but - shh! - no one can say so. It is a trait of the genre: in the columns of newspapers, obituaries are always more gentle than portraits of the living. There are funerals that never properly end, when the ashes are kept in a teapot, on Catherine Robbe-Grillet’s kitchen table. There are funerals where people stifle their anger as much as their tears, because it is so wrong, this ceremony with no President, no deputies, no ministers, when Maurice Kriegel-Valrimont, the man lying beneath the tricolour flag, liberated Paris. To think of all the honours bestowed at the Elysée Palace on people who have done nothing!
Often more cheerful than leaving parties (the new-style burials in these hard times), funerals can sometimes be as shocking as they were under the Ancien Régime: every week anonymous individuals are buried in the plot once kept for inhabitants of Thiais. Burials close the brackets on a century, the century of one of the last Corsican nabobs on a dying island, but they also sound out the values of years to come.

Ariane Chemin is a journalist. She has had two earlier books published by Stock, La promo Sciences Po 86 (2004) and Une famille au secret (2005).
Pourquoi on pleure, à l’enterrement de quelqu’un qu’on ne connaît pas bien ? Peut-être parce que, comme pour Georges Marchais, c’est la fin d’un monde qu’on ensevelit, et avec lui tant de vies gâchées et de rêves brisés sur lesquels les militants se retournent, ce matin de janvier 1996, dans le froid. On pleure aussi quand devant vous on enterre un demi-siècle de cinéma ou littérature, et que le chagrin prend alors les couleurs de la nostalgie. On pleure de voir pleurer et la femme qui aimait Gérard Brach, le scénariste qui ne s’aimait pas.

Il y a des enterrements ratés, mais – chut ! – il ne faut pas le dire. C’est le genre qui veut ça : dans les colonnes des journaux, les chroniques mortuaires sont toujours plus douces que les portraits des vivants. Il y a des enterrements qui ne sont jamais finis, quand les cendres restent dans la théière, sur la table de la cuisine de Catherine Robbe-Grillet. Il y a des enterrements où l’on rentre autant sa colère que ses larmes, parce que c’est trop injuste, cette cérémonie sans Président, sans députés, sans ministres, alors que Maurice Kriegel-Valrimont, l’homme qui gît là sous le drapeau tricolore, a libéré Paris. Quand on voit toutes ces rosettes dont on couvre à l’Élysée ces gens qui n’ont rien fait !

Souvent plus gaies qu’un pot de départ (ces nouveaux enterrements des temps de crise), les funérailles sont parfois aussi scandaleuses que sous l’Ancien Régime : chaque semaine on enterre dans l’ancien carré des indigents de Thiais des hommes sans nom. Les enterrements ferment la parenthèse d’un siècle, celui d’un dernier nabab corse dans une île qui se meure, mais auscultent aussi les valeurs de celui qui s’annonce.
120 pages
Format :
135 x 215 mm
EAN : 
9782234061989
Prix : 
16.00 €

L'auteur