« Babbitt est broyé ; ce modeste commerçant n’est pas de taille à lutter contre les institutions sacrées auxquelles, pour avoir la paix et la prospérité, l’Américain d’hier a vendu son âme : sa défaite, racontée avec la puissance, l’admirable bon sens et l’humour d’un grand écrivain, est celle de tout un peuple ; c’est pourquoi ce livre a eu en Amérique un si profond retentissement, un si durable succès. C’est dans cet esprit qu’il faut le lire, si l’on veut bien comprendre, et en être ému. »
Paul Morand
Zenith, une petite ville du Midwest dans laquelle vit George F. Babbitt, agent immobilier de renom. Riche, bavard, il a un avis sur tous les sujets – le base-ball, la politique et la prohibition en particulier – et se targue d’être un citoyen modèle. Installé dans son petit train-train quotidien, il aime son confort ; moins sa femme. Mais voilà qu’un jour une terrible angoisse le prend à la gorge : toute cette vie passée à arnaquer la veuve et l’orphelin et à dîner avec des petits bourgeois bien-pensants ne serait-elle pas vaine ?
D’une plume enjouée, sarcastique sans jamais être méchante, Sinclair Lewis décrit le pouvoir de séduction d’une société de consommation naissante. Utilisant un langage relevé où se mêlent argot et langue populaire, il met en scène des antihéros tout aussi ridicules que touchants qui incarnent à la perfection l’Américain moyen des années 1920, et plus largement l’individu occidental ayant pu accéder à l’American Way of Life.
Lire ou relire Babbitt aujourd’hui nous renvoie à la manière dont le capitalisme a séduit nos esprits, et comment ses pièges et ses failles nous rattrapent en ces temps de crise économique qui annoncent tant de drames sociaux et humains.