Bernard-Marie Koltès a traversé son temps comme un météore. Il a vécu 41 ans, de 1948 à 1989, et laissé une œuvre brève, qui tient pour l’essentiel en six pièces : La Nuit juste avant les forêts, Combat de nègre et de chiens, Quai Ouest, Dans la solitude des champs de coton, Le Retour au désert (qui vient d’entrer au répertoire de la Comédie-Française), et Roberto Zucco.
Alors que ces pièces sont sans cesse jouées en France et à l’étranger, et que Koltès est considéré comme un auteur contemporain majeur, il n’y a pas, à ce jour, de biographie qui lui soit consacrée. Ce qui m’a incitée à en écrire une, c’est le souvenir, jamais oublié, de l’émotion que j’ai éprouvée quand j’ai vu pour la première fois La Nuit juste avant les forêts, en 1981, au Petit-Odéon. La suite a confirmé que Koltès était l’auteur d’un théâtre existentiel, porté par une langue magnifique, lyrique et sauvage comme peut l’être notre temps. Patrice Chéreau le premier l’a compris, qui a mis en scène les pièces de Koltès, au fur et à mesure qu’elles étaient écrites, dans les années 1980. Comment le fils d’un officier de droite, qui a grandi à Metz, est-il devenu cet auteur-là ? Quels choix l’ont guidé ? Quel imaginaire l’a forgé ? Cette biographie tente de répondre à ces questions, tout en sachant que toute vie – et surtout la sienne – garde ses secrets. “Ma vie est sans intérêt”, disait Bernard-Marie Koltès, peu avant de mourir du sida. Seule pour lui comptait l’œuvre. Il avait raison : sa vie est intéressante parce qu’il a écrit. Et qu’il a écrit ce théâtre-là. »
Brigitte Salino