Arrivée depuis peu à Marq-en-Baroeul dans le Nord de la France, Ruth Chaï-Seckl s’ennuie. Ses élèves de primaire, qu’elle tente d’éveiller par toutes sortes d’activités et de sorties, la dépriment ; elle les prend en grippe, commence à les détester.
Ruth sympathise avec sa voisine, Gisèle Farache-Sanchez, qui travaille à la Poste, et décide de participer avec elle au Festival international du film documentaire de Marseille. Les deux femmes se filment à tour de rôle et se racontent devant la caméra. Après la peur de l’objectif et du ridicule, les langues se délient, les non-dits surgissent. On découvre qu’enfant Ruth voulait être juive, malgré l’opposition de son père, et que Gisèle, adoptée à sa naissance, écoute Julio Iglesias toute la journée parce qu’elle se croit espagnole.
La caméra agit comme un révélateur, leur film Racines devient le moteur de leur vie, et tout leur entourage en est touché : le mari de Gisèle, Juan, l’étrange voisine, madame Havetz, ou la boulangère Chrissie. Chacun ressent le besoin de parler, d’être saisi par la caméra.
Après Le musée de la sirène et Le corps de Liane, Cypora Petitjean-Cerf prouve une nouvelle fois qu’elle possède un formidable talent pour raconter les histoires. Construit sous la forme de saynettes, au découpage très cinématographique, avec des dialogues sonnant juste, des personnages colorés et des situations irrésistibles, Le film est un roman joyeux, inventif, plein de fantaisie, mais aussi tendre et émouvant. C’est un livre généreux où l’auteur est en empathie avec ses personnages, avec toute une humanité croquée avec acuité. .