Le livre commence comme une chronique : un jeune ingénieur idéaliste lance une revue politique et littéraire, et va demander son soutien amical à Jean-Paul Sartre, qui le lui accorde immédiatement. C'est le début d'une relation profonde et durable. Nous sommes dans les années 1970, au cours desquelles se développe en France un combat politique radical, animé principalement par les maoïstes de la Gauche prolétarienne : Olivier Rolin, André Glucksmann, Alain Geismar, et l'incontournable Pierre Victor, Benny Lévy de son vrai nom, qui deviendra le secrétaire de Sartre. Jean-Pierre Barou fait partie de ce petit groupe qui poussera la France au bord de l'explosion. Il raconte les événements auxquels il a participé : le tribunal populaire de Lens, animé par Sartre, qui juge les dirigeants des Charbonnages de France responsables d'accidents du travail mortels ; les actions violentes à Renault-Billancourt, jusqu'à la mort tragique de Pierre Overney ; les interventions de Michel Foucault qui lance le Groupe d'Information sur les prisons. Il campe enfin un extraordinaire portrait de Sartre, dans toutes ses contradictions : vieillissant, presque aveugle, travaillant le matin à son « Flaubert » et l'après-midi prêchant la bonne parole aux portes de l'usine Renault, après avoir déjeuné à La Coupole. Sartre merveilleusement raconté, généreux et intransigeant, radical dans son exigence de liberté. Jean-Pierre Barou montre les liens entre la réflexion et l'action du philosophe pour tenter de comprendre les raisons de son fameux « retour au religieux » et dénonce ainsi le cliché d'un Sartre sénile, manipulé par quelques gauchistes exaltés. Un témoignage très personnel sur l'effervescence révolutionnaire, de Mai 1968 à la création de Libé et une analyse originale du rôle de Sartre dans ce contexte.