Une photo montre un jeune garçon : il est souriant et très beau ; la vie l’épargne encore. Le document n’est pas récent. La sœur du jeune garçon naît l’année de la photo, elle n’a jamais connu cette douceur. De ce frère aîné elle a subi les accès de colère et d’égoïsme, la fréquentation quotidienne des drogues douces puis dures qui l’ont vieilli prématurément, ravageant sa dentition et son visage, les séjours en prison. Elle a connu un être imprévisible et charmeur, magnétique et manipulateur, qui distilla, dans une famille vivant en huis clos, sa douloureuse violence.
Elle a terriblement souffert de ne pouvoir lutter ; elle n’a pourtant jamais rompu le lien, au fil des années, rattrapant les mauvais coups du frère, l’accompagnant jusqu’au dernier hôpital. Lorsqu’il est parti, il lui a semblé qu’elle pouvait souffler. Respirer, avec culpabilité.
Longtemps la colère fut une protection. Une colère fortement, longuement rentrée. Une colère qui est une douleur gardée pour soi. Jusqu’au jour où elle a cherché à retrouver le visage de l’enfance, le sien, celui d’un être disparu, sinon pour lui pardonner, du moins faire la paix à travers l’écriture.
Elle a terriblement souffert de ne pouvoir lutter ; elle n’a pourtant jamais rompu le lien, au fil des années, rattrapant les mauvais coups du frère, l’accompagnant jusqu’au dernier hôpital. Lorsqu’il est parti, il lui a semblé qu’elle pouvait souffler. Respirer, avec culpabilité.
Longtemps la colère fut une protection. Une colère fortement, longuement rentrée. Une colère qui est une douleur gardée pour soi. Jusqu’au jour où elle a cherché à retrouver le visage de l’enfance, le sien, celui d’un être disparu, sinon pour lui pardonner, du moins faire la paix à travers l’écriture.