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La Femme au temps des Cathédrales

Régine Pernoud

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La femme au temps des
Cathédrales
La femme a-t-elle toujours été cette perpétuelle mineure qu'elle fut au xixe siècle ? A-t-elle toujours été écartée de la vie politique comme elle le fut dans la France de Louis xiv ? N'a-t-elle jamais eu plus d'indépendance économique que celle que lui concédait l'autorisation maritale ?
Régine Pernoud, avec son expérience de médiéviste et de quelque trente années de vie d'archiviste, s'est attachée depuis longtemps à l'étude de ces questions. Ses ouvrages consacrés à Héloïse, à Aliénor d'Aquitaine, à la Reine Blanche y donnaient partiellement réponse. Pour en finir avec le Moyen Age contenait, sur le statut de la femme, un raccourci qui a frappé bien des lecteurs et attiré l'attention des critiques, leur faisant souhaiter plus long développement sur le sujet.
C'est ce développement qu'on trouvera dans La femme au temps des Cathédrales : on y apprendra que le plus ancien traité d'éducation est dû en France à une femme, que la médecine était exercée couramment par des femmes au xiiie siècle, qu'au xiie siècle l'Ordre de Fontevraud réunissait aussi bien les moines que les moniales sous l'autorité d'une abbesse. Sait-on qu'aux temps féodaux, les filles étaient majeures à 12 ans, deux ans avant les garçons ? Et sait-on que ce n'est qu'au xviie siècle que la femme a du prendre obligatoirement le nom de son époux ?
Etude systématique menée à travers une multitude d'exemples concrets, elle ne laisse échapper aucun aspect des activités féminines au cours de la période féodale et médiévale : administration des biens, métiers et commerce ; domaine de la pensée, de la littérature, de la politique même ; femmes écrivains, éducatrices, suzeraines, celles qui animèrent les cours d'amour et celles qui ont inspiré les romans de chevalerie.
Plus encore, l'auteur, puisant aussi bien dans l'histoire du droit que dans celle des événements et des faits sociaux, dessine ce qui n'avait pas encore été tenté, un schéma de l'évolution du pouvoir de la femme : depuis les origines - les libertés et l'autonomie par elle conquises - la période d'apogée, puis le déclin sous diverses influences - celle de l'Université notamment - jusqu'au moment où en 1593 un édit du Parlement de Paris lui interdit toute fonction dans l'Etat.
Beaucoup d'autres traits de société sont ainsi à découvrir dans l'étude de Régine Pernoud, très approfondie, mais comme toujours alerte et d'une lecture captivante. Un maître-livre, hors duquel désormais toute vision de la question ici abordée restera incomplète.